En janvier 1964 dans les bras de ma mère à Paris, à 9 mois, à 4 ans avec mon frère, et l’anniversaire de mes 6 ans avec mes parents et ma grand mère maternelle qui habite la même rue. Petite enfance plutôt heureuse mais à 5 ans et régulièrement surtout l’hiver je souffre de douleurs : je passe l’anniversaire de mes 5 ans comme paralysée dans un transat. On parle alors de rhumatisme articulaire mais c’est fluctuant.
Mes parents travaillent beaucoup : mon père chef d’entreprise dans les transports et ma mère fonctionnaire au Conservatoire National Supérieur de Musique. Un père de droite et une mère de gauche, souvent en conflit. Père passionné de sports mécaniques et ma mère fondue de musique classique.
Entrée au primaire à 6 ans 1/2 dans une école primaire à la frontière du 17e et du 18e , souvent punie pour insolence, je refuse de sauter une classe.
A 7 ans je fais couper mes cheveux longs et deviens « garçon manqué » (j’ai très tôt compris que les filles et les garçons n’avaient pas les mêmes droits), et malgré que je sois dispensée de sport à cause de mon dos, je me mets à faire du foot, un peu de judo, la natation l’été, le ski en classe de neige et colonie, et surtout je commence l’équitation qui sera ma grande passion, malgré la douleur (supportable à l’époque). Très bonne élève sans rien faire mais avec zéro de conduite. Je m’ennuie déjà à l’école.
A 11 ans 1/2 je suis admise au lycée Carnot (un des trois meilleurs lycées de Paris) sur dossier, je passe mon temps à lire au lieu de travailler, et à jouer au foot, au ping pong, à faire du skate board, du vélo, … Je m’intéresse à la politique et lis beaucoup. Je suis en conflit avec nombre de mes professeurs, et en 4e je décide de ne plus rien faire en classe. Résultat Carnot me fait passer en 3e mais demande que je change d’établissement …. Après 9 avertissements alors qu’il en fallait 3 pour être renvoyé…
Mes parents découvrent seulement à la rentrée que je n’ai pas ma place au lycée Carnot…
Direction le Pays Basque chez ma grand mère paternelle et je me retrouve interne la semaine. Je fais une bonne 3e à Chantaco, poursuit l’équitation chez un éleveur voisin, découvre la moto avec un voisin. Je veux faire un BEP agricole pour devenir palefrenier car je supporte de moins en moins le milieu scolaire mais je passe finalement en 2e scientifique pour que mon père m’achète une moto 50 cm3. Ayant appris la mécanique avec mon père, j’entretiens et prépare ma moto pour faire du trial.
Une 2e C désastreuse car très occupée à faire le mur pour aller faire de la moto et du surf…. Je commence à fumer.
Retour à Paris pour découvrir que ma mère souffre d’un parkinson juvénile et j’échoue dans la chambre de bonne du 6e étage au dessus de chez mes parents puis je commence à trainer avec ma meilleure amie d’enfance. Je redouble ma 2e C au lycée Balzac, puis je passe en 1ere C et je quitte le lycée le jour de mes 18 ans. Je veux travailler dans le milieu de la moto et faire de la compétition. Kawasaki me propose de faire le 1er championnat de moto cross féminin et Husqvarna le championnat de France d’enduro.
Période très difficile avec une hépatite C qui m’a fait perdre toute ma musculature et des problèmes de douleurs et ORL. D’autant plus à cause de la dépendance aux opiacés qui m’amène à quitter Paris à 20 ans pour retourner au Pays Basque où après une formation je deviens commerciale. Mais je suis souvent malade et arrêtée. A 24 ans je perds ma mère décédée de son parkinson après une longue agonie insupportable. A 26 ans je désespère me retrouve à la rue et part vivre dans le Lot et Garonne recueillie par la meilleure amie de ma mère.
A 28 ans je pars travailler à Tours dans la grande distribution puis dans le Vaucluse mais ma santé m’empêche de travailler durablement. A Avignon, en 6 mois, je passe un BTS comptabilité gestion mais mon état s’aggrave et je suis obligée de demander l’allocation adulte handicapée et je crée une association d’autosupport d’usagers de drogues Asud Avignon et me sort de l’héroine grace à la Méthadone.
La Cotorep du Vaucluse me reconnait en situation de handicap après ma tuberculose et la découverte que mon hépatite C est toujours active. Puis me supprime mes droits 2 ans plus tard.
A 36 ans je m’installe à Toulouse pour me rapprocher de celle que je considère comme ma 2e mère qui vit dans le Lot et Garonne et j’engage un combat qui durera 10 ans pour obtenir l’AAH, la carte d’invalidité et des aides humaines. Je n’arrive plus à marcher et passe au fauteuil roulant à 38 ans. Je défends d’autres personnes handicapées pour l’accès aux droits. Après avoir fait reconnaitre tous mes droits à 43 ans je me lance dans le combat inter associatif.