Ma conférence de presse qui s’est tenue devant les locaux d’ACA ce mercredi 12 novembre 2025.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Je suis Odile Maurin, élue municipale de Toulouse et présidente d’association de défense des droits des personnes handicapées, et j’organise une conférence de presse pour dénoncer les pratiques d’ACA France, leader français des véhicules aménagés pour personnes à mobilité réduite, en redressement judiciaire depuis décembre 2024. J’ai une maladie génétique rare qui m’oblige à me déplacer en fauteuil roulant électrique et à être assistée au quotidien.
UN MARCHÉ DE NICHE EN QUASI-MONOPOLE ET UN PROBLEME SYSTEMIQUE
ACA France (Eysines, 33) occupe une position dominante sur le marché des véhicules spécialement aménagés pour personnes conduisant en fauteuil roulant avec joystick. Ces véhicules, d’un coût de 100 à 150 000 €, constituent l’unique solution de mobilité autonome pour des dizaines, voire centaines de personnes en situation de handicap lourd.
Depuis la revente de l’entreprise en 2022, la qualité de service s’est effondrée, laissant des clients captifs sans alternative, contraints de subir malfaçons et dysfonctionnements récurrents.
Au-delà, il faut souligner le caractère systémique de la problématique. En effet, le validisme structurel de la France fait que tout ce qui constitue notre environnement est fait par et pour les valides, sans prendre en compte nos besoins et nos différences. En effet, ce ne sont ni nos incapacités ni nos déficiences qui empêchent notre participation à la vie en société, mais bien les choix d’inaccessibilité et de manque d’aménagements raisonnables pour nous permettre de participer sur la base de l’égalité avec les personnes valides.
UN CAS EMBLÉMATIQUE : 3 ANS D’ERRANCE ET RISQUE D’IMMOBILISATION
J’ai acquis mon Skoda Yeti aménagé avec joystick en 2018 pour 82 000 € grace à des financements MDPH et de l’épargne personnelle. Suite à un accident non responsable en juillet 2022, mon véhicule nécessite des réparations qu’ACA n’a jamais su mener à terme malgré des dizaines d’interventions.
Les faits marquants :
– Expertise indépendante (novembre 2024) concluant à la responsabilité d’ACA pour défaut de réglage
– Tentative de facturation abusive vécue comme une tentative d’escroquerie : devis de 15 000 € puis 10 000 € pour des travaux évalués à 3000 € environ par d’autres professionnels
– Refus de fournir les pièces détachées
– Véhicule valant minimum 50 000 € mal réparé, invendable en l’état et risquant l’immobilisation totale
UN REDRESSEMENT JUDICIAIRE QUI AGGRAVE L’URGENCE
Depuis le 3 décembre 2024, ACA France est en redressement judiciaire (Tribunal de Commerce de Bordeaux). L’entreprise risque la fermeture au 31 décembre 2025, laissant des centaines de clients sans recours ni solution de réparation.
Sans mon véhicule, je perds toute autonomie de déplacement. Je ne peux plus aller à mes rééducations, mes soins, travailler, faire mes courses et avoir des loisirs. Mais je ne suis pas seule dans ce cas. De nombreux clients subissent la même situation sans oser s’exprimer par crainte de représailles sur ce marché captif.
APPEL À TÉMOIGNAGES ET DEMANDES
Je lance donc un appel à témoignages aux clients d’ACA confrontés à des problèmes similaires. Je demande :
– Aux autorités de contrôle (DGCCRF) d’enquêter sur les pratiques commerciales d’ACA
– À l’administrateur et au mandataire judiciaires d’intervenir pour faire respecter les obligations légales
– Aux pouvoirs publics de réguler ce marché de niche pour protéger les personnes handicapées en situation de dépendance
📢 CONTACT PRESSE : Odile Maurin Tél : 06 68 96 93 56 Mail : odilemaurin@handi-social.fr ↓↓
DOCUMENTS DISPONIBLES :
– Résumé de la chronologie détaillée (3 ans) (ci-dessous)
– Jugement de redressement judiciaire : https://odilemaurin.fr/wp-content/uploads/2025/11/250902_BODACC_jugt-cession-entreprise_2sept25.pdf
– Témoignages d’autres clients (sur demande : 1 personne déjà prête à témoigner)


Synthèse de l’historique des réparations : les abus d’ACA suite à l’accident non responsable de juillet 2022
Le 21 juillet 2022, mon Skoda Yeti spécialement aménagé pour la conduite dans mon fauteuil roulant avec un joystick à la place du volant a été embouti par l’arrière par un camion, causant des dégâts apparents sur le hayon et les pare-chocs arrière, avec une rampe bloquée. J’ai immédiatement établi un constat manuel et transmis la déclaration à la MAIF le lendemain. La responsabilité totale a été imputée au conducteur adverse. Ce qui devait être une simple réparation de carrosserie s’est transformé en un parcours du combattant de plus de trois ans, marqué par des travaux bâclés et, surtout, une tentative d’escroquerie caractérisée de la part d’ACA France.


Phase initiale avec ACA et carrosserie Moga (juillet 2022 – janvier 2023)
Dès le début, ACA m’a assuré qu’un simple carrossier local pouvait gérer la réparation avec leur assistance à distance. Après bien des retards causés par ACA, pour obtenir les pièces, le 12 janvier 2023, j’ai déposé mon véhicule chez le carrossier Moga à Toulouse. Le carrossier a rapidement signalé à l’expert que les pièces arrivaient brutes, nécessitant découpe et perçage, et surtout que la plateforme et son système de fermeture étaient faussés car les vérins étaient tordus ainsi que les pattes de fixation support. Le 13 janvier, j’ai récupéré mon véhicule mais la fermeture de la rampe et du hayon dysfonctionnait, nécessitant l’aide d’une tierce personne pour pouvoir entrer et sortir du véhicule. Le carrossier a indiqué ne pouvoir faire mieux.
Transfert chez le partenaire ACA d’Albi et multiplication des problèmes (janvier 2023 – avril 2024)
Le partenaire d’Albi constate immédiatement que l’axe rampe et le support étaient tordus (non remplacés par Moga) et que les vérins avaient été grillés par les manipulations. Malgré de multiples interventions sur 15 mois (changements de vérins, tentatives de réglages), les problèmes persistent. En janvier et février 2024, j’ai signalé des bruits à l’arrière du véhicule et la réapparition des problèmes de soubresauts du hayon en fin de butée occasionnant des difficultés d’ouverture de la rampe et dégradant le hayon, et absence chronique des joints commandés.
Le véhicule est également retourné chez ACA en octobre 2023 pour un changement d’essieu arrière (sinistre considéré sans lien avec l’accident de juillet 2022 ?).
Face à mes relances sans réponse, le partenaire ne se présente pas au rendez-vous du 27 avril 2024 et disparaît pendant plusieurs mois.
Recours à ACA France et nouvelles difficultés (été 2024)
Face à l’absence de solutions avec le partenaire d’Albi, je me suis retournée vers ACA France directement. Il faut bien comprendre que pour une personne dépendante de tierces personnes, non présentes en permanence, il est toujours difficile de se déplacer à plus de 200 kms car il faut beaucoup anticiper sans parler des coûts et de la fatigue.
Fin août 2024 : La tentative d’escroquerie caractérisée
Les 26 et 27 août 2024, lors de mon séjour chez ACA à Eysines, le chef d’atelier, m’a annoncé le lundi soir que ma rampe serait cassée et légèrement pliée, me proposant de l’échanger avec celle d’un véhicule d’occasion pour 2 700 € TTC. J’ai dû signer un devis sous pression. Puis il me dit finalement que la rampe d’occasion est trop large.
Le lendemain, coup de théâtre : le chef d’atelier m’annonce s’être rendu compte que le carrossier aurait tout déréglé en remontant la rampe cassée qui n’était plus rectiligne, et qu’après avoir recollé ma rampe et l’avoir remise droite, cela gênerait maintenant la fermeture du hayon. Et qu’il allait falloir changer la rampe. Entre temps ils ont estimé la valeur de mon véhicule à 45 000 € alors que j’évoquais le projet d’en changer.
Septembre 2024 : L’escalade tarifaire et les contradictions
ACA produit un devis démentiel de 10 000 à 15 000 €, prétextant devoir fabriquer une rampe qui « n’existe pas », alors qu’ils venaient de démonter la mienne en août. Simultanément, ils proposent de racheter mon véhicule 30 000 € et de me revendre un similaire 120 000 €. L’expert Maif conclut en novembre qu’il s’agit avant tout de régler correctement l’ensemble hayon et rampe, et que la responsabilité d’ACA peut être recherchée pour son manquement à son obligation de résultat.
Novembre 2024 : La facturation frauduleuse
Le 18 novembre 2024, ACA émet une facture de 3 184 € TTC pour l’intervention du 27 août, facturant notamment :
- Une rampe Skoda Yeti d’occasion à 900 € HT (jamais installée)
- Un vérin gaz à 88 € HT (remplacé seulement en décembre)
- Un « inter type lève-vitre » à 436 € HT (intervention qui n’a jamais eu lieu)
- 1 760 € HT de main d’œuvre
Décembre 2024 : Nouvelle visite à ACA
En décembre, J’avertis le nouveau PDG d’ACA (depuis 2022) de la teneur du rapport d’expertise, que je compte venir les 13 et 14 décembre, et que je resterai tant que les problèmes ne seront pas réglés. Le chef d’atelier confirme enfin que ma rampe n’a jamais été changée, qu’elle aurait été simplement « recollée » et que les travaux facturés n’avaient pas eu lieu. ACA accepte finalement d’établir un avoir, reconnaissant implicitement la facturation frauduleuse. Ils tenteront malgré tout de me facturer encore un vérin à 750 € pour finalement le remplacer au titre de la garantie.
Janvier 2025 : Découverte du redressement judiciaire
En janvier 2025, je découvre qu’ACA est en redressement judiciaire depuis le 3 décembre 2024, avec cessation des paiements au 8 novembre 2024. Cette situation explique la pression commerciale exercée et les tentatives de facturation abusive.
Le modus operandi de l’escroquerie ACA
La stratégie d’ACA est désormais claire : profiter de leur clientèle handicapée captive (véhicules décaissés avec joystick) sans alternative face à une société ayant un quasi-monopole, pour :
- Facturer des interventions non réalisées
- Proposer des devis délirants pour des réparations dues à leurs malfaçons
- Exercer une pression commerciale en situation d’urgence
Passage chez le partenaire ACA d’Aix en Provence et impasse actuelle (printemps 2025 – octobre 2025)
En avril 2025, ACA mandate un partenaire à Montauban qui échoue faute de bonnes pièces et instructions. En juin, nouvelle urgence avec casse de pièces. Je me tourne alors vers le partenaire ACA d’Aix-en-Provence qui, fin juin, réussit temporairement à régler les soubresauts du hayon mais confirme que la rampe doit être changée. Il propose un devis de 3 000 € (cinq fois moins qu’ACA) et sollicite ACA dès juillet pour obtenir pièces et instructions. ACA traîne trois mois à fournir des informations partielles. Le 7 octobre, réapparition des soubresauts confirmant l’urgence du remplacement. Face aux atermoiements d’ACA, le partenaire d’Aix-en-Provence jette l’éponge. ACA exige maintenant un acompte sans fournir de devis ni calendrier, alors que l’entreprise risque la fermeture.
Une succession d’échecs
Plus de trois ans après l’accident, mon véhicule présente toujours des dysfonctionnements majeurs de la rampe et du hayon. Les multiples interventions de différents partenaires ACA n’ont pas permis de résoudre définitivement les problèmes, qui s’aggravent avec le temps. Aujourd’hui, mon véhicule fait un bruit horrible et je ne sais pas, chaque jour qui passe, si je ne vais pas me retrouver dans l’impossibilité de sortir avec mon fauteuil roulant du véhicule ou carrément en panne au bord de la route, et dans l’impossibilité de continuer à mener mes activités associatives, professionnelles et électives, et assurer toute la vie quotidienne. Cette situation compromet gravement ma mobilité et tout en en affectant considérablement la valeur du bien que je m’apprêtais à revendre pour acquérir un nouveau véhicule.
Bilan après trois ans
Mon véhicule présente toujours les mêmes dysfonctionnements qu’en 2022, aggravés par les interventions successives. ACA a tenté de me soutirer entre 10 000 et 15 000 € pour des réparations de travaux mal réalisés, avant de facturer 3 184 € pour des travaux non réalisés. Cette affaire illustre parfaitement l’exploitation d’une clientèle handicapée captive par une entreprise en difficultés financières, utilisant l’urgence et la dépendance technique comme leviers d’escroquerie.