Odile MAURIN

Odile lors de la manif
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Par Odile MAURIN

Communiqué de presse : Malgré la menace, pourquoi je manifeste ce samedi 7 novembre à Toulouse ?

Je serai présente à la manifestation du samedi 7 novembre 2020, en tant qu’élue municipale et métropolitaine en soutien aux soignants et 1ers de corvée, et en tant que présidente de l’association Handi-social. Mais j’y serai aussi en tant que personne directement concernée par les menaces de mort qui planent sur ceux que l’eugéniste préféré des plateaux parisiens, Laurent Alexandre, qualifie d’inutiles, les “vieux” et les “handicapés”.

Je refuse d’entrer dans la catégorie “Mort acceptable” [i].

En effet, les services de réanimation et déchocage de Purpan sont saturés depuis mardi dernier, malgré 8 lits supplémentaires de réanimation ouverts par l’armée, et Rangueil approche de la saturation. Ceci selon les informations données par les organisations syndicales du CHU lors de la conférence de presse de ce mardi annonçant le maintien de la mobilisation de ce samedi. Notons aussi la sortie le 16 octobre d’un nouveau décret Rivotril [ii]

LE TRI DES PATIENTS VA DONC (RE)COMMENCER !

Personnes handicapées sacrifiées

 

Il faut savoir que lors de la première vague de la Covid, dans les régions qui ont été débordées (ce qui n’a pas été le cas ici à Toulouse), les médecins ont eu à choisir quels patients ont eu droit d’aller en réanimation, et lesquels ont été refusés. En gros, qui avait le droit de vivre et qui devait mourir!

A l’appui de cette affirmation, je vous invite à lire notamment l’excellent article de Florence Aubenas, “Bienvenue en Alsace, à Coronaland” paru dans Le Monde le 26 Avril dernier. Il raconte comment des personnes âgées et handicapées, vivant principalement dans des établissements spécialisés, se sont vues refuser le transport et l’admission à l’hôpital, et encore plus l’accès aux services de réanimation sur le seul critère de leur âge ou de leur situation de handicap.  Certaines ont “bénéficié” d’une mort plus “douce” grâce au Rivotril, d’autres sont mortes en s’étouffant…

S’il est vrai que les personnes qui présentent des facteurs de comorbidité importants (ce qui n’est pas le cas de toutes les situations de handicap) peuvent avoir du mal à supporter une longue réanimation avec d’importantes séquelles, l’éthique commandait que chaque patient soit d’abord hospitalisé, soulagé des premiers symptômes et qu’il soit informé des bénéfices et des risques d’une réanimation post-Covid au regard de sa situation individuelle, et qu’au terme de cet échange, chaque patient décide d’aller en réanimation ou d’être orienté vers des soins palliatifs.

S’il y a encore malheureusement en France, et ailleurs, des médecins qui s’arrogent le droit de décider si la vie des vieux et des handicapés vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, ce qui s’est passé avec la Covid, c’est « juste » que les places de réanimation ont manqué, ce qui a mené à un tri meurtrier ! Et je n’évoque même pas les nombreuses pertes de chance des malades chroniques dont les soins n’ont pu avoir lieu ou auront été trop retardés.

J’ai donc toutes les raisons de manifester, tant pour demander des moyens pour les services hospitaliers que pour dénoncer la dérive autoritaire de notre pays qui tente de masquer les nombreuses violences d’Etat en interdisant de filmer la police. Surtout contre la gestion calamiteuse de cette pandémie par un gouvernement qui a multiplié les mensonges, les contradictions, les mesures liberticides sans fondements sanitaires, et qui continue de démolir des services de santé déjà exsangues. Comment peut-on interdire de circuler dans des rues désertes sans masques et autoriser écoles et amphi bondées, les grandes surfaces mais pas les petits commerces, et comment nos « élites » s’exonèrent du port du masque dans un lieu clos mais donnent des leçons à la population ?

Alors que la seconde vague était déjà annoncée depuis des mois, que l’état d’urgence et le semi-confinement sont le fruit d’un défaut d’anticipation et de l’absence de vraies mesures de santé publique basées sur la prévention et l’information bien comprise, ma vie, et celles de mes pairs, est finalement moins menacée par la Covid que par la politique meurtrière de Macron et son gouvernement.

Pourtant il n’a pas échappé à certains que je suis toujours interdite de manifester en Haute-Garonne. Ceci après un jugement de décembre 2019 au cours duquel un magistrat a refusé de visionner les vidéos qui prouvaient que j’avais été victime de violences policières, et que contrairement à l’accusation portée, je n’avais jamais attaqué aucun policier avec mon fauteuil roulant électrique.

Malgré la procédure d’appel aussitôt engagée, je n’ai toujours aucune date pour le nouveau procès.

Alors que je peux dès demain être victime des carences gouvernementales, mourir faute de places en réanimation, il est hors de question qu’en plus, on tente de me priver d’une liberté fondamentale dans une période aussi grave.

Je sais que j’encours un an de prison ferme en osant manifester et j’invite le pouvoir politique à travers son représentant, le procureur, à prendre ses responsabilités va-t-il décider de me condamner aussi à mort ???!

En effet, m’envoyer en prison (où je ne bénéficierai pas de moyens suffisants de protection contre la Covid et encore moins des soins urgents que mon état de santé (cardio et pneumo) peut nécessiter), équivaut à cela.

Puisque j’ai le droit d’être une “mort acceptable”,

Je ne vais pas en plus me priver de manifester !

Bien évidemment je manifesterai en prenant toutes précautions pour moi et pour les autres et j’invite tous les manifestants à porter le masque et respecter toutes les mesures barrières


[i] Selon le terme utilisé pour les personnes âgées et handicapées dans des documents des ARS ou hôpitaux concernant le tri des malades admis en réanimation

#Covid : Personnes handicapées = Morts Acceptables ????
https://www.handi-social.fr/articles/actualites/covid–personnes-handicapees–morts-acceptables–323091
#Covid, #handicap et #institutions : La responsabilité institutionnelle du triage dévoilée !
https://www.handi-social.fr/articles/actualites/covid-handicap-et-institutions–la-responsabilite-institutionnelle-du-triage-devoilee–326707

[ii] Décret n° 2020-1262 du 16 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire : article 53, alinéa II : « Par dérogation à l’article L. 5121-12-1 du code de la santé publique, la spécialité pharmaceutique Rivotril ® sous forme injectable peut faire l’objet d’une dispensation, par les pharmacies d’officine en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 dont l’état clinique le justifie sur présentation d’une ordonnance médicale portant la mention « Prescription Hors AMM dans le cadre du covid-19 ».

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